Une femme fut amenée de force au fond d’une grotte sombre par deux hommes au regard vide. Les trois avancèrent pendant de longues minutes pendant que la prisonnière pleurait sans pouvoir se contrôler, incapable de se défaire de l’emprise de ses deux ravisseurs. Les gémissements de la victime étaient accompagnés par les incantations que de nombreux fanatiques répétaient sans cesse, comme s’ils étaient dans un état de transe. Bien qu’elle ne vît pas où on l’amenait, la femme se doutait du sort qui l’attendait. Elle avait entendu les histoires qu’on racontait et avait perdu d’innombrables nuits de sommeil à cause de celles-ci. C’était maintenant à son tour d’être sacrifiée, sans savoir pourquoi elle ni pour quelle raison !
La faible lueur d’un feu se fit deviner au loin. Puis, à mesure qu’on la forçait à s’approcher, elle aperçut une ombre qui dansait frénétiquement sur la paroi arrière. Elle était arrivée au bout de son voyage. La fin était proche, elle le sentait instinctivement, comme une proie le sent quand son prédateur est sur le point de la saisir.
Le silence se fit entendre. Tout ce qu’elle percevait était son cœur qui martelait rageusement ses tempes. Elle avait terriblement mal à la tête, et avait même l’impression que celle-ci était sur le point de se fendre en deux. Puis, elle fut prise d’une nausée et vomit sur le sol sans pouvoir se contrôler. Elle réalisa qu’une forte odeur de putréfaction régnait dans cette partie de la caverne, puis son estomac se noua à nouveau avec violence, sans que rien n’en sorte. Une autre contraction se fit sentir et un mince filet de bile fraya son chemin par sa gorge pour arriver dans sa bouche.
À ce moment, les deux hommes qui la retenaient depuis le début la jetèrent dans la flaque qu’elle venait de créer. Sans avoir suffisamment de force pour se remettre sur ses pieds, elle resta à terre, les deux mains dans ses vomissures, et releva la tête. C’est à cet instant que l’étrange personnage qui était derrière les flammes décida d’avancer afin de révéler sa véritable nature à celle qui allait bientôt jouer le rôle de victime d’un rite macabre. Elle ne savait pas si elle hallucinait, ou si ce qu’elle voyait fut bien réel. L’homme semblait vêtu d’un habit de plumes noires, avec, comme couvre-chef, la tête d’un immense corbeau. Il étendit les bras comme s’il déployait ses ailes.
La vision de la femme s’embrouilla, puis une volée de corbeaux arriva sur elle. Elle n’avait plus la force de hurler sa douleur pendant que les oiseaux déchiraient la peau de son visage, crevaient ses yeux, ou dévoraient sa chair. La sensation de se faire picorer par des dizaines de becs cessa après de longues minutes d’agonie. Enfin, elle venait de trouver le trépas.