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Première partie de la légende de Cerlann enseignée par le maître

La légende de Cerlann (première partie)

Dès son tout jeune âge, peut-être avait-il quatre ou cinq ans à peine, Cerlann devint orphelin à la suite d’une sauvage attaque sur son village. Il était coutume pour certains eayins d’entreprendre de telles actions, poussés par leur immense désir de pouvoir. Celui qui menait l’offensive avait pour blason un poing taché de sang sur un fond blanc, ce qui avait pour but d’inspirer la peur chez ses victimes tout en représentant le dieu auquel il se dévouait.

Les parents de l’enfant avaient été tués devant ses yeux alors qu’il avait réussi à se dissimuler dans l’ombre grâce à sa petite taille. Il attendit le soir avant de sortir afin de ne pas être capturé. L’enfant, affamé et effrayé, partit sans savoir où il allait

Le lendemain, par chance, des moines le trouvèrent en bordure d’un chemin. Ceux-ci se rendaient à un temple dans une montagne située à plusieurs jours de marche. Ils prirent donc le garçon et lui offrirent nourriture et eau. Le rescapé fut ainsi sauvé d’une fin certaine pour vivre avec le souvenir atroce de la destruction de son village et du massacre de ses proches.

Quelques jours après leur arrivée au temple, et dès qu’on décida qu’il avait repris suffisamment de forces, les hôtes commencèrent à lui enseigner un type particulier de gymnastique connu d’eux seuls.

Ils lui enseignèrent, pour commencer, la façon dont il devrait assimiler tous les nouveaux concepts qu’il recevrait pour le reste de sa vie.

Premièrement, il devait apprendre les nouveaux mouvements lentement en unifiant la respiration et le geste. Ramener un bras ou une jambe vers son corps en inspirant, éloigner le membre en expirant. Tirer et inspirer, pousser et expirer.

Il devait répéter ces gestes des centaines, voire des milliers de fois, afin que le corps enregistre parfaitement le mouvement tout en liant le bon rythme de respiration, c’est ce qu’on peut appeler la mémoire musculaire.

Il devait ensuite ajouter de la vitesse, peu à peu, puis accélérer graduellement jusqu’à en arriver à un geste explosif. Toujours en gardant en tête l’unification de la respiration et du mouvement tout en conservant la fluidité dans l’exécution.

Pendant tout son entraînement, l’enfant, bien que capable d’accomplir les enchaînements tout en discutant avec les autres, devait être totalement présent mentalement pour tout ce qu’il faisait. Si un instructeur réalisait que l’esprit du jeune homme n’était pas complètement présent, il le battait sans remords.

Il ne le savait pas encore à ce moment, mais ces techniques d’unification de l’esprit, de la respiration et du corps allaient s’avérer primordiales pour la pratique des prochains exercices. Ceux-ci devenaient de plus en plus exigeants, tant pour le corps que pour le mental du garçon.

On exigeait de lui en effet qu’il garde son équilibre sur les mains, la tête en bas. Ensuite, quand l’équilibre était satisfaisant, de faire des pompes dans cette posture en quantités toujours plus grandes. On demandait qu’il se tienne sur un pied, sur une planche située à plusieurs mètres de hauteur, les yeux bandés. Ou encore, de marcher, les yeux fermés, à travers un parcours rempli de pièges, qu’il devait apprendre à sentir et à éviter sans les voir !

Rapidement, en quelques années à peine, il était devenu le meilleur, non seulement de sa classe, mais de toute l’école au sein du temple.

La raison était très simple : là où les autres s’entraînaient quatre heures par jour, quatre jours sur sept, comme il leur était imposé, le jeune garçon, lui, pratiquait huit heures chaque jour, sept jours sur sept. Pour lui, c’était la seule façon de gérer l’immense colère qui le rongeait intérieurement. Il ne voulait pas l’effacer, au contraire ! Chaque nouvel exercice maîtrisé, chaque nouveau mouvement qu’on lui enseignait, chaque fois qu’il se faisait battre, tout ça lui donnait l’occasion de nourrir cette émotion qu’il ressentait. Un jour, il le savait, il exigerait rétribution à celui qui était responsable du massacre de sa famille et de tout son village. Cette rage meurtrière qui l’habitait serait le combustible qui alimenterait le feu de sa vengeance.

C’est ainsi que, dix années plus tard, il avait accumulé dix à vingt fois plus d’heures d’entraînement que tous les élèves, même ceux plus avancés que lui. Ceci transforma ses amis les plus proches en ennemis envieux et jaloux de ses réalisations.

Il était devenu plus fort, plus résistant, plus souple, meilleur dans les enchaînements qui lui étaient enseignés que tous les autres. Il possédait un sixième sens plus développé que celui de ses pairs.

Voyant ce désir insatiable d’apprendre et son dévouement à se dépasser, les moines-instructeurs décidèrent de faire transférer le prodige à un endroit occulte de leur école, où on lui enseignerait des techniques secrètes. Bien peu de gens en connaissaient l’existence, si bien que ses compagnons de classe crurent qu’il était parti… ou mort !

 

 

Pour du médiéval fantastique différent